La déliquescence de la culture de l’excellence et la résurgence du tribalisme, facteurs structurants de la crise politique, et institutionnelle en République Démocratique du Congo.

 

La déliquescence de la culture de l’excellence et la résurgence du tribalisme, facteurs structurants de la crise politique, et institutionnelle en République Démocratique du Congo.

La République Démocratique du Congo traverse depuis plusieurs décennies une crise politique et institutionnelle persistante, marquée par l’instabilité, la faiblesse des institutions publiques et l’inefficacité des mécanismes de gouvernance. Si les causes de cette crise sont multiples et complexes, la déliquescence de la culture de l’excellence et la résurgence du tribalisme apparaissent comme des facteurs structurants essentiels. La culture de l’excellence, entendue comme la valorisation de la compétence, de la méritocratie et de l’intégrité dans l’action publique et privée, s’est progressivement érodée, laissant place à une logique de favoritisme et de clientélisme. Parallèlement, le tribalisme, historiquement contenu par des efforts de construction nationale, refait surface dans le cadre des luttes pour le pouvoir et l’accès aux ressources. Cette analyse examine de manière scientifique l’impact combiné de ces deux phénomènes sur la gouvernance et la stabilité politique en RDC.

I. La déliquescence de la culture de l’excellence : une crise de la compétence et de la gouvernance

La culture de l’excellence se traduit par la promotion de l’expertise, de la compétence et de la responsabilité dans les institutions publiques et privées. En RDC, cette culture a été progressivement fragilisée par plusieurs facteurs :

· Faiblesse du système éducatif, caractérisé par un accès limité à une formation de qualité et un déficit de programmes orientés vers l’excellence.

· La corruption et le népotisme dans la fonction publique, qui remplacent le mérite par des considérations d’affinité ou d’appartenance politique.

· L’inefficacité des institutions de contrôle et d’évaluation, qui favorisent la reproduction des pratiques médiocres et compromettent la reddition de comptes.

 Cette érosion a des conséquences directes sur la qualité de la gouvernance, la fiabilité des politiques publiques et la capacité de l’État à répondre aux besoins fondamentaux de la population. L’inefficience des services publics, l’absence de planification stratégique et la mauvaise gestion des ressources naturelles illustrent cette crise de compétence. L’affaiblissement de la culture de l’excellence se traduit également par une incapacité des institutions à fonctionner de manière autonome et efficiente. La bureaucratie congolaise est souvent caractérisée par une lenteur administrative et un manque de coordination interinstitutionnelle, Une tendance à privilégier les intérêts personnels ou locaux sur l’intérêt national, Une difficulté à appliquer les normes internationales et les standards de transparence. Ces éléments renforcent la perception d’un État faible et fragmenté, incapable de garantir la stabilité et la justice sociale.

II. La résurgence du tribalisme : un obstacle à la cohésion nationale

Le tribalisme se manifeste par la valorisation de l’appartenance ethnique dans l’accès au pouvoir, aux ressources et aux opportunités économiques. En RDC, cette dynamique est alimentée par la compétition pour le contrôle des ressources naturelles, où les élites locales privilégient souvent les membres de leur groupe ethnique. L’usage de l’identité tribale comme levier politique, pour mobiliser des bases électorales et consolider le soutien local. La fragmentation historique du territoire et des communautés, qui favorise la loyauté locale sur la solidarité nationale.

Cette tribalisation du pouvoir contribue à affaiblir la légitimité de l’État et à fragiliser les institutions, car les décisions sont souvent biaisées par des considérations identitaires plutôt que par l’intérêt général. Le tribalisme a des effets délétères sur la cohésion nationale, Il génère des tensions intercommunautaires et des conflits locaux, parfois violents, qui perturbent la stabilité politique, Il crée des réseaux de clientélisme et de favoritisme, qui excluent les compétences extérieures du groupe dominant, Il limite la possibilité d’une gouvernance inclusive et de politiques publiques équitables, car les décisions privilégient souvent des logiques de solidarité tribale plutôt que de justice sociale. Ces effets combinés expliquent en partie pourquoi notre nation peine à instaurer un État fonctionnel et respecté par ses citoyens.

III. Interaction entre déliquescence de l’excellence et tribalisme

La crise congolaise ne peut être comprise pleinement sans considérer l’interaction entre la déliquescence de la culture de l’excellence et la résurgence du tribalisme. Ces deux phénomènes se renforcent mutuellement par une absence de culture de l’excellence qui rend le système vulnérable à la logique tribale, car les institutions ne disposent pas des mécanismes de sélection et de contrôle pour résister aux pressions identitaires, fragilise la culture de l’excellence en valorisant l’appartenance ethnique sur la compétence, créant un cercle vicieux où le mérite est subordonné à l’origine ethnique. Cette interaction contribue à la perpétuation d’un État faible et à la difficulté d’implémenter des réformes institutionnelles durables. Pour briser ce cycle, plusieurs pistes peuvent être envisagées, entre autres ;le renforcement du système éducatif, la promotion d’une formation axée sur la compétence, l’innovation et la citoyenneté, afin de rétablir une culture de l’excellence dès la base, une réforme des institutions publiques, une mise en place des mécanismes de contrôle et d’évaluation efficaces pour garantir la transparence, l’impartialité et la compétence dans la fonction publique, la Promotion de la gouvernance inclusive, le développer des politiques qui transcendent les appartenances ethniques et favorisent la participation de toutes les communautés dans le processus décisionnel, la sensibilisation et mobilisation citoyenne et la promotion des débats public sur les dangers du tribalisme, la nécessité de la méritocratie et de la compétence pour le développement national.

La crise politique et institutionnelle en RDC trouve en partie son origine dans la déliquescence de la culture de l’excellence et la résurgence du tribalisme. Ces phénomènes interconnectés affaiblissent les institutions, fragmentent la société et compromettent le développement national. Une approche scientifique et pragmatique pour restaurer la compétence, promouvoir la méritocratie et réduire l’influence des logiques tribales est essentielle pour construire un État résilient et une société plus unie. La réussite de la RDC dépendra donc de sa capacité à réconcilier excellence et inclusion, compétence et cohésion, afin de rompre avec des décennies de gouvernance déficiente.

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